sable- Été 2024, j'entends à la radio qu'il fait si chaud en Inde que les oiseaux tombent du ciel… morts. Je pense à ma joie de retrouver les hirondelles chaque printemps et ma crainte d'années en années que les hirondelles ne retrouvent pas le chemin jusqu'à nous. Je pense à ma joie d'être témoins, l'été, des grands bals d'oiseaux tourbillonnants. Je pense aussi aux sculpteurs qui révèlent par le plein, les vides. Alors cette question vient à moi: que restera-t-ilde nos cieux quand plus un oiseau ne les dessinera de ses ailes? Dans l'urgence fabriquer une archéologie de vols d'oiseaux. Je dessine ces oiseaux en creux, trace de mes geste, souvenir de leurs vols. Et que de ces carreaux assemblés le tapis se dessine comme un sol de ciel.
Je suis, je suis... suivre et être... Je suis héritière.
En 1978, l'artiste Léa Lublin fit une performance à Paris « Dissolution dans l'eau ». Découvrir les traces photographiques de cette performance 40 ans après m'a mise devant ce double héritage : dans ma chair, je porte les traces de toutes « les bêtises entendues sur les femmes » que Léa Lublin a tenté de dissoudre dans l'eau de la Seine. Ces mots continuent aujourd'hui encore de me tenir immobile et muette. En moi me tient aussi l'audace de ces artistes. Chaque liberté prise est une liberté donnée.